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Le temps est assassin
et emplorte avec lui les rires des enfants

mercredi 27 juillet 2005, par Bao

Y’a des jours trop longs, trop lourds. Des jours où les minutes passent aussi lentement que des heures. Des jours où le temps est ralenti comme pour nous faire mesurer l’importance de ce qui se joue.
Un jour de plus, un jour de moins... mais hier c’était un jour spécial, un jour pour lui. Peut-être un jour perdu ou un jour comme j’aurais dû en prendre bien avant. Pas de regrets. Je me martèle le cerveau à coup de "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Ca faisait longtemps.
Y’avait toute la famille hier, une si grande famille réuni juste pour lui. Les querelles demeurent mais pour une journée les gens ont fait un effort.
Y’a eu des regards embués qui tentaient de sourire, des sanglots étouffés, de nombreuses accolades, des "courage", des "toutes mes condoléances"...
Et moi j’étais là, un peu hors du temps, en quête de silence et de spiritualité. J’ai peu pleuré et j’ai consolé. J’ai essayé de sourire parce qu’au fond, c’est trop tard pour pleurer. Je me suis sentie seule au milieu de cette grande famille que je connais si peu, mais au moins, j’ai rencontré des gens. C’est toujours à ce genre d’occasions qu’on fait des rencontres. Mon père avait l’air de m’aimer beaucoup, il parlait de moi à tout le Monde ! Et moi il ne m’a jamais rien dit. On a vraiment dû louper un truc dans notre mode de communication.

Une journée de passée. Longue, lourde, pleine d’espoir en même temps, l’espoir de voir cette famille devenir plus simple, plus humble peut-être.

La vie reprend, il faut bien, même si je suis toujours un peu ailleurs avec la petite voix de papa qui continue à résonner...

Messages

  • C’est magnifique Bao,vraiment un très bel hnneur que tu fais à ton papa,il va en être très heureux.

  • très touchant ! d’autant plus quand on a des problèmes pour s’entendre avec son père. Perso, j’ai perdu ma maman très jeune et j’ai un père très égocentrique alors pour me permettre de vivre sans histoire face à lui j’ai pris un peu de distance mais j’avoue que c’est ce que tu viens de décrire qui me hante : le jour où il sera plus là. Merci pour toute ta poésie.

  • Merci Bao, pour ce texte plein d’émotion,
    pour cette prise de conscience que nos parents sont uniques, que la vie peu etre courte, que nous sommes tous en sursis et qu’il ne faut pas attendre pour dire que l’on s’aime...
    Depuis, j’essai de vivre a fond chaque instant avec mes parents, avec qui depuis longtemps nos relations sont durs, voire mortes... ils ne comprennent pas ce revirement de comportement mais visiblement l’apprecie et fond de même...
    Alors même si j’aurais aimé te dire merci dans d’autre circonstance, je te dis merci et je te serais eternellement reconnaissante pour ces quelques jours pleins d’Amour passé avec eux, en esperant voir tous les prochains ainsi.

    Merci.
    Je pense à Toi

  • Je cherchais en vain des paroles aptes à exprimer ce vide intérieur qui nous foudroie brutalement. D’un coup le temps ralenti en effet, nos gestes nous pèsent et l’on se rend compte du temps que l’on perd à trop vouloir en gagner. Je compatis à ta peine ayant moi aussi perdu mes racines et te souhaite toute la force qu’il nous est nécessaire pour vivre et non survivre.